En 2007, Bruno Lemoine prend la direction générale du Château Larrivet Haut-Brion et, en tant qu’agronome, entame une étude des sols pour mieux comprendre la mosaïque de terroirs et améliorer la qualité des vins. À partir de 2015, Bruno s’entoure de François Godichon, directeur d’exploitation. En 2020, Charlotte Mignon arrive comme maître de chai. Elle est désormais directrice du Développement.
Les observations et les études menées sur la dernière parcelle de 12 hectares acquise en 2010 par la famille Gervoson poussent l’équipe à réfléchir à sa reconversion avec une replantation pour s’adapter aux changements climatiques et maintenir la démarche de qualité globale.
« Nous partions d’une grande feuille blanche de 12 hectares. C’est une chance de réaliser un tel chantier où nous étudions tous les facteurs pour pouvoir les mettre de notre côté.»
Impulsé il y a 15 ans, le renouveau technique a pour but de produire des grands vins de terroir. Le projet du vignoble du futur s’inscrit dans l’esprit de Larrivet Haut-Brion qui repose sur trois grands principes :
• une approche intraparcellaire au service de l’assemblage bordelais.
• le respect de l’identité de chaque parcelle, de la vendange manuelle à l’élevage dans différents types de contenants (amphores, cuve bois, oeufs béton, barriques).
• la création de vins élégants, en finesse et résolument modernes.
Comment dessiner et arbitrer la replantation d’une parcelle de 12 hectares, soit 17% de la surface du vignoble ?
Comment préserver la continuité d’un vignoble aujourd’hui tout en s’adaptant aux évolutions environnementales ? Comment favoriser des couloirs de biodiversité (trames bleues et vertes) entre la nouvelle parcelle et l'existant ?
Voilà le projet unique et hors norme dans lequel la famille Gervoson et l’équipe de Larrivet Haut-Brion se sont lancés : créer son vignoble du futur pour préserver l’identité des terroirs ainsi que le style du grand vin de la propriété. Cette aventure est avant tout celle de toute une équipe impliquée autour d’un projet où l’humain reste la composante essentielle à sa réussite.
« L'objectif est de récolter des raisins de grande qualité qui entreront dans notre grand vin d’ici quinze à vingt ans. »
Comment préserver la continuité d’un vignoble aujourd’hui tout en s’adaptant aux évolutions environnementales ? Comment favoriser des couloirs de biodiversité (trames bleues et vertes) entre la parcelle et l'existant ? Comment créer un paysage résilient où le bon sens paysan se nourrit de l’ensemble des données scientifiques ?
Nous nous sommes rapidement tournés vers les principes de vitiforesterie. Cette pratique permet de connecter le vignoble avec le reste de la propriété dont le parc, les étangs et les forêts qui nous entourent. Notre prise de risque la plus conséquente dans la construction de cette parcelle du futur est de planter des arbres entre les rangs de vigne.
Nous sacrifions 10% de la production viticole au profit d’arbres et de fleurs pour suivre notre engagement dans la préservation d’un écosystème.
Les essences ont été sélectionnées en fonction de leur effet microclimatique, de leur présence actuelle ou de leur complémentarité avec les espèces déjà présentes.
Larrivet Haut-Brion dispose d’un parc de 13 hectares précieux pour la préservation de biodiversité sur l’ensemble de la propriété: un camp de base pour le développement de notre projet et la source des corridors verts et bleus reliant l’existant et la zone de replantation. Il abrite trois étangs d’une superficie totale de plus d’un hectare, soit l’équivalent de huit piscines olympiques !
Le parc est géré depuis plus de dix ans de façon semi-sauvage, en conservant des zones non tondues et des arbres morts pour créer des refuges naturels pour de nombreuses espèces.
On le retrouve également sous le nom “d’arbre du futur”. Le Paulownia présente de nombreux avantages pour le microclimat de la parcelle. Il allie la durabilité et la circularité avec la possibilité d’utiliser son bois pour la création de caisses par exemple.
Parfaitement adaptés à la sécheresse, plus de trois cents Paulownias seront plantés dans la parcelle afin de créer un microclimat protecteur pour les vignes grâce à leur pousse rapide, la forme de leurs feuilles et leur capacité supérieure à la moyenne à capter le carbone.
Les cépages retenus pour cette nouvelle parcelle sont le cabernet sauvignon et le cabernet-franc, déjà présents dans l’assemblage, et un nouvel entrant : le malbec.
« Le malbec atteint de bonnes maturités et s’exprime également de belle manière sur nos sols de graves. Ce cépage minoritaire ne dépassera pas 5% de l’assemblage final, le cabernet sauvignon reste le cépage dominant avec le cabernet-franc, qui sur d'autres terroirs de la propriété sera également mis à l'honneur. Ces trois variétés seront notre trame à long terme pour conserver la tension des vins et garder de magnifiques équilibres malgré une hausse des températures à moyen et long terme. »